Hilda

Madame Lemarchand est une bourgeoise de gauche. Exemple même de la bonne conscience, cette dame de province souffre d’une carence sévère : un besoin vital de se nourrir de la vie des autres. Pour cinquante francs de l’heure, elle engage Hilda. Son seul nom l'envoûte, la fascine. Elle la veut pour elle seule, totalement, entièrement.
Madame Lemarchand n’a pas l’intention d’exploiter Hilda, ni même de la regarder comme sa bonne. Elle veut l’éduquer, la former à la chose politique, lui apprendre à penser. Il lui faut aussi l’amitié d’Hilda, toute sa vie et l’illusion d’une égalité possible. Comment supporter, sinon, d’être servie ? Face à une telle emprise, Hilda résiste.
Dans cette pièce, sa toute première, Marie Ndiaye aime jouer avec la cruauté des situations quotidiennes. Elle les mène jusqu’aux limites du supportable. En ces tréfonds, le réalisme flirte avec le fantastique, la fascination devient envoûtement, la domination, vampirisme, le cocasse, terrible.

Texte Marie Ndiaye. Mise en scène Emmanuel Ray. Avec Mélanie Pichot, Fabien Moiny et Aude Béars. Scénographie Emmanuel Ray et Mélanie Pichot. Création lumière Marco Hollinger. Création sonore Tony Bruneau. Régie générale Jean Cardoso. © DR