
Critique de Nayla, « Après la rafle » d’Arnaud DELALANDE, Laurent BIDOT avec Joseph WEISMANN
« Après la rafle », le témoignage bouleversant d’un des derniers survivants de la Shoah
De quoi ça parle ?
Arnaud DELALANDE et Laurent BIDOT ont entrepris d’adapter le roman Après la rafle de Joseph Weismann, en un témoignage sous forme de bande dessinée.
Joseph Weismann est un des derniers survivants de la Shoah.
16 Juillet 1942, les familles juives se font rafler au Vél’d’Hiv. On emmène la famille Weismann au camp de transit de Beaune-la-Rolande. Joseph est séparé de sa famille et se retrouve seul, à onze ans, dans un camp où se trouve exclusivement des enfants. Là-bas, il rencontre Jo Kogan : c’est la naissance d’une amitié, mais aussi celle d’un plan d’évasion.
1965, vingt-trois ans plus tard, Joseph reçoit un appel mystérieux…et c’est alors qu’il découvre que son ami Jo Kogan, qu’il croyait mort, se trouve aux Etats-Unis. Pendant que Joseph prend l’avion pour le rejoindre à New York, les souvenirs de son passé ressurgissent et le lecteur replonge dans nos pages d’histoire les plus noires.
Pourquoi lire ce livre ?
Une lecture prenante
La manière dont l’histoire est narrée est très prenante. Les retours en arrière créent du suspense : on a envie d’en connaître davantage sur le passé du personnage tout en étant impatient d’assister aux retrouvailles de Joseph et Jo. Le fait que ce ne soit pas une lecture linéaire permet également de créer des liens entre les trois tranches d’âge du personnage qui se chevauchent au cours de la lecture : l’enfance de Joseph, sa vie adulte et lorsqu’il est plus âgé.
Stigmatisation et lecture olfactive
La question juive est évidemment au cœur du livre. Ce qui est intéressant, c’est la façon dont on voit les efforts mis en place par la famille de Joseph pour s’intégrer tout en restant dans la discrétion ; et la réponse en face : rejet, exclusion et stigmatisation. Peu à peu les juifs ont été totalement exclus de la vie sociale, d’abord des parcs puis des bars puis plus rien ne leur était autorisé. Après la rafle retrace aussi l’implication du gouvernement français, mais aussi de ces quelques Justes qui n’ont pas hésité à transgresser les lois.
J’ai découvert cette bande dessinée au club lecture et ce qui avait retenu notre attention se trouvait dans les quelques doubles pages, qui par leur vue d’ensemble, étaient très immersives. Je me rappelle de celle présentant le vélodrome, dont les détails me saisissaient au point d’avoir l’impression d’y être et de sentir les odeurs.
Reconstruction et devoir de mémoire
Ce qui nous a impressionné aussi, c’est la façon dont malgré les traumatismes, Joseph est parvenu à se reconstruire. Et cette reconstruction s’est faite grâce à la parole et à la transmission : alors qu’il ne racontait pas ce qu’il a subi, Simone Veil lui a fait comprendre que rester dans le silence n’est pas la solution et qu’il était plus que nécessaire de témoigner. En plus des nombreuses interventions faites dans les écoles, cette bande dessinée fait partie de ces témoignages que nous devons lire pour ne pas oublier et nous rappeler toujours comment certains, au nom d’une idéologie, sont prêts à déshumaniser et à massacrer tout un peuple.
« Mon nom est Jo Weismann. Et je vous en prie mes enfants…n’acceptez pas l’inacceptable » (p.123)