
Critique de Nayla, « Saison des Roses » de Chloé Wary
« Saison des Roses », ou la place de la femme dans le sport
De quoi ça parle ?
L’histoire se déroule en banlieue, à Rosigny-sur-Seine. On y suit l’équipe de football féminine des Roses de Rosigny, et en particulier Barbara, la capitaine. Cette saison, les filles s’acharnent pour se qualifier au National. C’est alors que la Présidente du club, par manque de budget, décide de déclarer forfait la section féminine pour « miser » sur les garçons.
Pourquoi lire ce livre ?
Dans Saison des Roses, l’autrice met en exergue le monopole que possède constamment les hommes dans le sport. Comme le dit la Présidente du club « On doit miser sur eux, ils sont l’avenir du club ». Face à cette injustice, Barbara fédère son équipe à la rébellion : pourquoi devrait-on se soumettre et accepter notre sort en silence ? Non, ce qu’elle propose c’est d’élaborer un match filles contre garçons, pour départager les meilleurs puis établir un vote.
L’autrice nous confère également les valeurs initiales du football. L’équipe des Roses apparaît en effet comme soudée, et c’est justement de leur cohésion que découle leur force. En tant que lecteur, on se rend vite compte que l’équipe féminine est bien plus talentueuse que celle des garçons ; pourtant, le simple fait d’être née dans un corps de femme rend leur carrière sportive plus sinueuse.
Les filles sont moins fortes au football par nature ? Non, elles demeurent juste défavorisées par un système patriarcal qui les entrave et soutient les garçons dans leur excès de confiance.
La question du sport féminin est essentielle, et quoique moins taboue, les injustices se pérennisent. Barbara se confesse à Bilal et lui dit « On nous prend pas au sérieux nous les meufs ». Pour Bilal, le foot n’est « qu’un sport » et il peut pourtant participer au National. Pour Barbara, le football représente bien plus, une raison de vivre qui l’anime chaque jour, au dépit de ne pas réviser son bac.
Par ailleurs, le dessin accompagne agréablement une lecture accessible à tous. Léger, il nous transporte tant vers le monde du deal que vers un ciel aux multiples couleurs. Par l’enchaînement des planches, l’autrice parvient à retranscrire le mouvement des corps, et la spontanéité du sport. On a l’impression d’être à la fois la pelouse que foulent les joueuses, et l’euphorie du spectateur pendant le match final.
« C’est facile pour vous, tout est déjà pensé pour votre saison en National, genre, normal. Alors que nous, on doit attendre en silence, comme si on était moins légitimes. C’est pas juste. »